J’ai lu ce roman dans le cadre du Club des Lectrices. Nous avions choisi le thème de l’Asie et il se trouve que c’est « Tête Bêche » (對倒) qui a recueilli le plus de voix – dont la mienne, car j’avais très envie de découvrir cet auteur chinois et de comprendre en quoi il avait inspiré le cinéaste Wong Kar Wai. Voici donc mon avis ( sans filet car je ne retrouve plus mes notes prises il y a quelques semaines !)
L’œuvre de Liu Yichang (劉以鬯) aurait en effet influencé Wong Kar-wai pour son film « In the mood for love »… Peut -être mais personnellement, je n’ai pas trouvé de points communs entre les deux oeuvres – à part la ville de Hong Kong.
Il n’y a pas d’intrigue dans « Tête Bêche ». D’ailleurs le pitch nous avait prévenus : « Un homme, une femme. Il est vieux, elle est jeune. Ils parcourent les mêmes lieux, croisent les mêmes personnes, sans jamais se rencontrer. Lui est habité par le passé, ses souvenirs heureux à Shanghai. Elle est une jeune écervelée qui s’éveille à la sensualité, aspire à être regardée, adulée. Hong-Kong est leur miroir. Ce Hong-Kong des années soixante, en pleine mutation, jungle de gratte-ciel où règne l’insécurité.
Ce roman novateur, à l’écriture musicale, met l’accent sur l’explosion sensorielle des différents langages : celui des corps, de la ville, de la lumière, du temps, des désirs et du rêve. »
L’auteur nous emmène en promenade dans le port des parfums, mais aussi en voyage dans la tête de deux individus que tout sépare sur le papier, mais que les sensations, ressentis et les « aventures » qu’ils vivent les rapprochent… Correspondances, affinités électives, hasard, autant de thèmes abordés par Liu Yichang.
L’écrivain de 95 ans (né à Shanghai en 1918) arrive aussi bien à nous intéresser à son héros fatigué, solitaire et âgé qu’à sa jeune héroïne rêveuse, paresseuse et tourmentée par ses désirs naissants.
Il ne faudrait pas oublier le dernier « personnage » de ce roman : la ville de Hong Kong. On a l’impression d’y être… je me souviens que j’avais noté les noms de quartiers et des stars chinoises présents dans le roman. (Fait amusant : Alain Delon y est cité plusieurs fois comme parangon de beauté masculine.)
« Tête Bêche » est une lecture singulière, empreinte d’un style assez unique (alternant descriptions précises, pensées et sensations des personnages, mais aussi dialogues du quotidien.)
Je vous recommande ce roman : c’est une lecture dépaysante, facile et assez apaisante, même si on y trouve de la mélancolie et de la nostalgie.
En savoir plus sur l’auteur
Liu Yichang (lien vers Babelio.com)
Résumé de l’éditeur
«Tête-bêche est un terme français utilisé en philatélie pour désigner deux timbres reliés entre eux et imprimés en sens inverse l’un de l’autre. Pour moi, tête-bêche, c’est aussi l’intersection des temps.» Un homme, une femme. Il est vieux, elle est jeune. Ils parcourent les mêmes lieux, croisent les mêmes personnes, sans jamais se rencontrer. Lui est habité par le passé, ses souvenirs heureux à Shanghai. Elle est une jeune écervelée qui s’éveille à la sensualité, aspire à être regardée, adulée. Hong-Kong est leur miroir. Ce Hong-Kong des années soixante, en pleine mutation, jungle de gratte-ciel où règne l’insécurité. (Philippe Picquier)